Des jeux et des ateliers sont proposés aux enfants broyards au profit du Liban

Mirna Schwab (deuxième depuis la gauche) convie les enfants à une semaine d’animations dans un but humanitaire. Nadège Baeriswyl et Idhir Belhocine (à g. et à dr.), du groupe scout Les Troubadours de Grolley, proposeront des activités en forêt.

Patrick Chuard

Payerne Cinq jours de jeux et de découvertes pour les enfants. Les petits Broyards sont notamment invités à participer à des jeux en forêt, avec des scouts de Grolley. Cette initiative n’a a priori rien d’exceptionnel en période de grandes vacances. La semaine de détente que propose l’association Au cœur de Zahlé, basée à Payerne, se distingue cependant des autres par son but humanitaire. «Tout est bénévole, et l’intégralité des bénéfices servira à aider les populations défavorisées du Liban», explique Mirna Schwab, organisatrice de ces «vacances solidaires».

Côté face, les enfants de 7 à 11 ans pourront participer, du 9 au 13 août, à des jeux dans la nature, des ateliers de clowns, de couture, de cuisine ou encore de travail sur bois. Côté pile, l’argent récolté permettra de soulager un pays dans la détresse.

Mirna Schwab vit de manière douloureuse l’effondrement actuel du Liban. Née en 1964 à Zahlé, elle a connu une enfance marquée par la guerre. «J’ai vu beaucoup d’amis mourir, tant de bâtiments détruits. Souvent, quand je rentrais le soir à la maison, j’entendais tomber des obus. C’était mon enfance», raconte celle qui a rejoint son frère en Suisse dans les années 1990 avant de s’y marier en 2005. «Aujourd’hui, la catastrophe qui s’abat sur mon pays d’origine donne l’impression d’un mauvais sort qui s’acharne.»

Coup de pouce paroissial

Après des études de théologie, Mirna Schwab a travaillé sept ans pour l’ambassade du Liban avant d’œuvrer comme agente pastorale pour l’Eglise catholique. Elle se charge notamment de la permanence d’accueil des migrants à la paroisse de Payerne. Elle explique à quel point la foi l’a aidée à surmonter ses traumatismes: «Je ressentais de la haine contre les autres communautés après la guerre du Liban, mais le Christ m’a aidée à la dépasser.»

Mais promis, il ne sera nullement question de religion durant cette semaine de vacances, ouverte à tous les enfants sans distinction. Un atelier et des témoignages permettront aux jeunes participants de découvrir la culture libanaise.

L’association Au cœur de Zahlé bénéficie cependant d’un coup de pouce paroissial, notamment pour la mise à disposition de locaux. Les 170 francs demandés aux parents (un forfait qui couvre les repas) contribueront entre autres à soutenir le dispensaire Saint-François à Zahlé, qui s’occupe de plus de cent personnes âgées délaissées et sans famille, ainsi que l’association Minsiyin (les oubliés) qui accompagne environ 700 familles pauvres. «Ce projet permet d’occuper intelligemment une semaine de vacances tout en faisant un geste concret pour le Liban», souligne Piroska Berchtold, présidente du conseil de communauté de la paroisse catholique.

«En faillite»

Le pape François soulignait la semaine dernière le chaos économique, social et politique qui règne au Liban (La Liberté du 3 juillet). Le chef spirituel des catholiques «est très préoccupé par la situation catastrophique que traverse notre pays. Nous sommes en faillite. Aujourd’hui, un Libanais sur deux vit en dessous du seuil de pauvreté», expliquait récemment César Essayan, vicaire apostolique des catholiques latins du Liban, à l’agence Cath.ch.

Et de pointer les problèmes majeurs du pays, selon lui, que sont «la division et la corruption. Division, non seulement entre chrétiens et musulmans, mais entre chrétiens, où chacun défend son propre territoire sans se soucier du bien commun.» Et de rajouter: «C’est ce communautarisme confessionnel qui engendre la corruption, l’autre grand problème de notre pays.»

Vacances solidaires avec le Liban, 079 824 77 47